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le blog de formation politique du c'est par l'expérience que la science et l'art font leur progrès chez les hommes. ~ aristote accueil dernier numéro germinal n°14 le entre les balises -- etudes, notions théoriques courants de pensée analyses pages d'histoire questions que l'on se pose enquête, témoignage poèmes biographies le germinal n°01 germinal n°02 germinal n°03 germinal n°04 germinal n°05 germinal n°06 germinal n°07 germinal n°08 germinal n°09 germinal n°10 germinal n°12 germinal n°13 germinal – numéro spécial germinal n°14 articles récents révolution russe que faire en politique ? voir, vouloir, pouvoir… lectures – alice gérard, la révolution française, mythes et interprétations – 1789-1970 feuilleton (à suivre) – i – aux commencements du processus révolutionnaire russe jacques saoul – naissance de l’urss. de la nuit féodale à l’aube socialiste. germinal n°14 germinal cahiers de formation politique pour l’union de lutte des classes populaires nouvelle série, n° 14 – octobre 2017 apprendre, et ensuite apprendre aux autres. nous devons étudier, nous autres ouvriers. nous devons savoir, nous devons comprendre d’où vient que la vie est si dure pour nous. fécondez-moi des semences de la raison et de la vérité, je vous le rendrai au centuple. maxime gorki l’incertitude des classes populaires que nous réserve l’avenir proche ? le peuple peut-il reconquérir l’initiative historique ? « ouvriers, paysans, nous sommes le grand parti des travailleurs […] la terre va changer de base, nous ne sommes rien, soyons tout. » eugène pottier (1871) l’année 2017 en france a été marquée par les élections présidentielles et législatives et la campagne qui les a précédées. pour beaucoup, ces élections ont fait vaciller les repères qu balisaient la vie politique habituelle et ébranlé des certitudes. que l’on approuve ou que l’on désapprouve l’élection d’emmanuel macron à la présidence de la république, qui quelques mois auparavant paraissait improbable, cette élection n’a pas mis fin à l’inquiétude et à l’incertitude. sans qu’il s’agisse nécessairement de critiquer ce vote de la nation, on entend parmi les électeurs comme parmi les abstentionnistes, ce genre de réflexions [1] : « je suis perdu, paumé », « je me pose des questions », « je suis dans le doute » les mêmes ou d’autres s’interrogent sur l’avenir proche, que nous réserve-t-il ? « c’est pas stable la situation », « je ne sais pas où ça va », « on n’est plus sûr de rien » une employée de commerce, abstentionniste, exprime son inquiétude : « j’étais contre tous, droite, gauche, mais maintenant je suis inquiète, avec tous ces bouleversements, plus de gauche, plus de droite, on a l’impression d’être dans une lessiveuse, ça tourne dans tous les sens, je suis inquiète quand même, qu’est-ce qui va se passer ? » ce n’est pas que l’on regrette le paysage politique ancien, les repères droite / gauche depuis longtemps obscurcis. ce que l’on désapprouve c’est la perte de consistance des projets des uns et des autres, en relation avec le délabrement de la situation du pays. « ça n’allait pas pour l’économie, pas plus pour la politique » ; « aucune résolution du fond des problèmes » ; « il n’y avait plus de projets politiques », « très peu de réflexion », « qu’est-ce qu’ils voulaient tous, où voulaient-ils aller ? » en outre, la rupture entre la population, les hommes politiques, les partis, se présentait comme déjà consommée bien avant la campagne électorale. — rupture, du côté des politiques : « ils n’ont aucune idée de nos problèmes », « ils n’écoutent pas », « il n’y a plus de personnel politique qui soit près des réalités » ; « c’est entre eux [que ça se passe], le copinage, ils se cooptent pour les places ». — rupture aussi, du côté de la population : « les discours des hommes politiques, j’arrive plus à les écouter » ; « on ne savait pas pour qui voter » ; « blablas, promesses qu’on ne tient pas » ; « aucun de valable, plus [personne comme] de gaulle » finalement, que le nouveau président de la république [ou le mouvement en marche], soit ou non apprécié, plusieurs estiment qu’il était temps de donner « un coup de pied dans la fourmilière ». « les gens ont eu raison de voter comme ils l’ont fait. ils ont rejeté les partis traditionnels, ça fait combien de temps que ça s’aggrave [et ils n’ont rien fait] » ; « il y en avait marre des autres, quel que soit celui qui est élu, il faut que ça change » ; « beaucoup devraient rendre des comptes, et au revoir. » compte tenu des difficultés de la situation du pays, la partie ne semblait pas gagnée d’avance, quelle que soit la personne qui parvienne à s’imposer à l’issue des présidentielles. « la france est difficile à gouverner, quel que soit le vainqueur » ; « celui qui passera, ce sera très dur, pour nous c’est déjà pas facile » ; « de toute façon celui qui sera élu, ça sera [difficile] » certaines des personnes rencontrées souhaitaient la victoire d’emmanuel macron, simplement pour ne plus avoir affaire aux politiciens en place ou dans l’espoir d’une amélioration de la situation. « j’ai voté macron, je ne voulais plus des politiciens magouilleurs et corrompus » ; « on peut peut-être arrêter la dégringolade » ; « on verra bien la suite, j’espère que ce sera mieux qu’avant ». pour d’autres, ce choix se présentait sans que trop d’illusions soient nourries. « macron va-t-il y arriver ? » ; « j’attends pas des merveilles, mais ça peut pas être pire qu’avec les autres » ; « je vote macron sans illusion » le contexte historique des élections les élections se sont déroulées dans le cadre d’une période historique de régression économique, politique, et dans le domaine des idées, de désorganisation des classes populaires. ces données sont perçues par des citoyens réputés “ordinaires” : « la france ces derniers temps s’enfonce de plus en plus » ; « tout va mal ; « dans tous les domaines ça va mal » ; « le pays est au fond d’une impasse », « on a tout bradé, l’industrie, nos grands chantiers », « et la dette, on est dépendant des créanciers, on n’est plus maître de rien » ; « la situation n’est pas bonne, c’est difficile, le chômage, les guerres dans le monde, le terrorisme » ce qui est le plus souvent déploré, pour certains avant même de s’intéresser à leur propre sort, c’est la dégradation de la situation générale du pays, des conditions de vie de la population dans son ensemble. « [de toute façon] personne ne parle des ouvriers, des travailleurs, mon espoir c’est plutôt au niveau du pays » parmi ceux qui sont moins exposés aux effets de cette dégradation, l’accent peut au contraire se trouver mis sur la détérioration des conditions de leur sphère particulière d’activité, ce qui vaut souvent pour légitimer des revendications catégorielles. il semble alors qu’il suffirait pour chacune de ces catégories de disposer de davantage de moyens, surtout financiers, sans toujours se préoccuper de l’ensemble de la société ni des moyens de résoudre leurs problèmes spécifiques, comme si l’argent “tombait du ciel” : « on n’a pas les moyens pour remplir notre mission [enseignement] » ; « l’argent il y en a mais on rogne sur tout » ; « comment voulez-vous que la justice fonctionne, on ponctionne nos moyens » ; « la culture est sacrifiée » ; « c’est une logique comptable, pas pour le bon fonctionnement des services publics » une idée se trouve fréquemment exposée, surtout au sein des classes populaires : celle d’un “basculement” survenu entre deux phases de l’histoire récente. on aurait changé de période, c’en serait fini de la période de relative prospérité [stabilisation relative du capitalisme], qui avait permis un certain confort économique, y compris pour les moins favorisés, un temps où l’on pouvait espérer un mieux-être, une ascension sociale, moins d’incertitude [2] . « on est dans une autre époque, ça fait au moins trente ans » ; « la régression pour nous [classe ouvrière], ça remonte à mitterrand » ; « on ne vit plus comme avant […] on était moins dans l’incertain » ; « on parlait de par